histoire
La vie n'est pas un jeu. La vie est courte.
Life's a bitch until you die.
Vinciente Carmano♚
Le monde a changé. Le monde a évolué. Les « années 20 » ne font plus référence depuis longtemps à l’an 1920, ancien spectateur invisible du début d’une humanité qui n’allait pas en s’arrangeant. Non, les années 2020 sont celles qui ont hérités l’honneur de récupérer ce nom, spectateur tout aussi inactif de cette humanité qui ne demandait qu’à s’éteindre.
Et puis, les avancées technologiques s’étaient envolées. Et la vie semblait tellement plus différente de celles qu’on vivait trente ans plus tôt.
Mais la Sicile restait toujours la Sicile. Avec ses routes sinueuses et poussiéreuses, ses dédales de vieilles maisons de pierre datant des années 1900. C’est dans ces dédales que Vinciente Carmano vit le jour le 17 septembre 2064.
Ulisse Carmano avait rencontré celle qui fut son épouse à sa boutique. La jeune femme s’était présentée à la boulangerie pour chercher un emploi, il l’avait embauchée et, quelques mois plus tard, ils s’étaient mariés. L’enfant était venu deux années après leur mariage, rendant leur famille heureuse. Du moins en apparence. La boulangerie était dans une mauvaise passe et Ulisse avait emprunté de l’argent à un usurier du coin. Il avait continué d’emprunter durant les cinq années suivantes, persuadé que tout irait mieux. Mais ça n’arriva jamais.
Un hurlement, une explosion. La porte claqua contre le mur de la petite maison de pierre brune. Vinciente avait cinq ans et demi, noël était à peine terminé que la Cosa Nostra avait envahi sa maison. Il était deux heures du matin, son père était couché depuis cinq heures et sa mère n’avait pas trouvé le sommeil. C’était ses cris qui avaient réveillé le petit garçon aux cheveux bruns, effrayé. Son père avait été sorti du lit sans sommation. Ça faisait cinq années que la Cosa Nostra payait le rythme de vie de la famille Carmano sans recevoir de remboursement suffisant. Tout au plus, Ulisse avait payé un peu moins d’un an. Ils voulaient leur paiement, et maintenant. Isadora récupéra son fils alors qu’il était trainé dans le salon et Ulisse essayait déjà de négocier des délais, des avoirs. Mais la sentence tomba.
- Si tu ne peux pas payer d’ici la fin de la journée de demain, nous emmènerons ton fils.- Prenez-le ! Mais ne nous faites aucun mal.La phrase avait surpris les gardes armés de la Cosa Nostra. Comment un père pouvait laisser son fils unique partir ? La raison était toute simple : La boulangerie commençait à reprendre du poil de la bête mais pas assez pour rembourser leurs dettes, sa femme était encore jeune, lui aussi et ils pourraient avoir un nouvel enfant. Et puis, Vinciente serait nourris, logé et blanchit s’il logeait au siège de la mafia. C’était bénéfique pour tout le monde, du moins dans l’esprit d’Ulisse.
C’est comme ça que le 6 janvier 2070, Vinciente Carmano fut arraché à sa famille au profit d’un centre de formation de mercenaire.
Vinciente Benvolio C.♚
Son nom de famille lui avait été ôté, pour qu’il n’essaie pas de le retrouver. Mais dès qu’il eut l’âge de raisonner par lui-même, il en voulu à ce père qui l’avait sacrifié pour son bien être personnel. Il en voulait à cette mère qui, aimante, s’était laissé arracher son fils unique. Son nom de baptême, vestige d’une enfance qui aurait été heureuse, fut abandonné de son plein gré pour un autre prénom qu’il s’était lui-même donné : Benvolio, « L’homme disposé au bien ». Evidemment, il avait lu ça dans
Romeo et Juliette et s’était approprier le nom de cet ami si cher, ce fidèle compagnon.
L’endroit n’était pas aussi lugubre que l’on peut le croire. Une ancienne abbaye transformée en camps de formation. Les chambres étaient impersonnelles et individuelles mais elles étaient propres et accueillantes. Il avait quelques effets personnels, un vieux jouet, un bracelet et quelques vêtements. Mais les « cours » étaient durs. Ils furent entraînés au corps à corps, a la boxe anglaise, la boxe thaï aussi et aux arts martiaux en tout genre. Puis, quand ils grandirent, au tir d’arme de poing, d’arme lourde. Ils passèrent tous le permis de conduire en anticipé et s’entraînèrent pour conduire une grosse moto et un 33 tonnes. Puis, ils se spécialisèrent selon leur domaine de compétence. Benvolio était discret, c’est naturellement qu’il fut mis dans la branche des tueurs à gage. Il était consciencieux et perfectionniste, presque maniaque aussi. Alors il fut confié à un tuteur qui lui enseigna l’art de tuer sans se faire prendre et sans laisser la moindre trace.
Il ne s’était lié avec aucun enfant, rien n’était fait pour ça. Ils seraient dispersés aux quatre coins du monde pour servir la Cosa Nostra dès qu’ils auraient 21 ans, l’âge légal partout dans le monde. C’est à cet âge-là qu’on lui présent un dictionnaire de nom à la lettre C et qu’il choisit le nom qui figurerait sur ses papiers d’identité à l’avenir.
Vinciente Benvolio Canzano♚
Il venait d’avoir 21 ans lorsqu’il rencontra l’homme qu’il allait servir jusqu’à la fin de ses jours. Un homme qui avait grandi avec une cuillère en argent entre les lèvres, qui n’avaient jamais eu à se soucier de sa petite vie. On lui avait donné rendez-vous dans un bar de Rome. Il venait tout juste de décolorer ses cheveux et de les teindre en vert, pour se démarquer et parce qu’il voulait simplement ne plus ressembler à cet enfant qu’il avait vu grandir dans cette glace pendant 16 années.
Mais personne ne vint. Lorsqu’il rentra dans son appartement au sommet de l’immeuble miteux qui le contenait, il se trouva face à un homme qui devait avoir approximativement le même âge, ses cheveux roux étaient assez courts et son regard brun tirait sur le rouge à la lumière des éclairages. La peau était basanée, bien plus que celle du tueur. Sans plus de cérémonie, Benvolio se jeta sur lui. La bagarre dura une bonne dizaine de minute et, lorsqu’ils s’éloignèrent l’un de l’autre en se toisant d’un regard noir, la peau pâle du tueur se teintait déjà de bleu.
- Comment va la santé du golden retriever ?La phrase fit tilt. Il se redressa d’un seul coup et fixa l’intrus qui n’en était pas vraiment un.
- Bien, il a mangé un poulet entier.C’était le code qui aurait dû lui servir à reconnaître son prochain supérieur dans le bar. Il avait attendu deux heures qu’il s’y présente, en vain. Mais il n’avait rien à dire.
- Mascalzone. - Arcangelo.- Tu me plais, Arcangelo. Un pseudonyme, évidemment. L’appartement était désert mais ils savaient tous les deux que les murs pouvaient avoir des oreilles. Il était courant, en Italie, de donner des surnoms aux gens. Personne ne s’occuperait d’eux. Benvolio ne cilla même pas à l’alias de son patron : Mascalzone signifiait le « vaurien ». Un enfant qu’on aurait trop gâté et qui n’aurait jamais vraiment excellé à ses cours, qui passait son temps à trainasser avec ses amis. Un
Romeo, en somme.
Giulio était le fils du parrain actuel de la Cosa Nostra et il n’avait jamais voulu réellement participer, se défaisant le plus souvent de ses obligations pour aller s’amuser avec ses acolytes. Mais son père l’avait mis devant un ultimatum et il s’était obligé à se mettre sérieusement au travail. Il avait quatre ans de plus que Benvolio mais paraissait presque plus jeune et s’occupait d’une partie de Rome pour le compte de son père.
Mais Giulio voyait plus grand, et le parrain avait décidé de s’introduire dans un nouveau pays : la chine. Giulio n’avait pas pu dire non à son père, même si le pays où il avait été envoyé ne lui plaisait guère. Son but était de mettre la Cosa Nostra dans une bonne quantité de service, de pouvoir mettre en place un réseau de drogue et de prostitution, ou de trafic de prothèse. Ça marchait de mieux en mieux ce genre de chose. Il finit par accepter à la seule condition qu’il choisirait le groupe d’hommes avec lesquels il partirait. Benvolio fut promus bras droit. Il avait 25 ans le jour où ils décollèrent pour l’Asie.
Depuis ce jour, il a très bien appréhendé son rôle de bras droit et gère les équipes efficacement. Ils ont ouvert tout un réseau de restaurant italien dans tout le pays et se sont établis à Shanghai après un passage express par Pékin en arrivant. La semaine passée à Pékin n’aura eu pour but que la débauche du matin au soir. Se détendre avant de se lancer à fond dans le travail. Homme et femme y passèrent sans que Benvolio ne se trouve une préférence tant l’acte était agréable avec les deux.
Depuis ce jour-là, il aura épaulé Giulio avec panache. Leur cause ne regroupe actuellement que quelques villes et se centrent principalement à Shanghai. Ils ont ouvert quatre restaurants et installent depuis plusieurs années leurs trafics. Tout se déroule sans heurts pour le moment mais ils s’attendent à rencontrer la résistance des triades chinoises ou, tout simplement, de l’éventail rouge qui régit la ville. Ça ne leur fait pas vraiment peur. Ou du moins, ça ne fait pas peur à Benvolio puisqu’il est le seul à s’occuper de leurs stratégies, Giulio préférant la compagnie de leurs filles.
Ils sont là depuis sept années et rien n’avance assez vite aux yeux du bras droit qui remet cette faute sur le dos de son dirigeant qui est inexistant. La seule solution qu’il voit est de se débarrasser de lui à ce poste et c’est exactement ce qu’il va commencer à mettre en place.