never complain never explain — YI JIE

L’homme avait constamment un léger sourire sur les lèvres où s’échappait de la fumée, quand il ne préparait pas un verre à un client. C’était une habitude, on ne pouvait pas dire qu’il se sentait constamment heureux. Impossible de l’être quand on est constamment aux aguets, à examiner le comportement de chaque personne qu’il croisait et avec qui il communiquait. Mais le peuple semblait se détendre face à un homme souriant qui leur servait leur boisson favorite, alors il l’usait et en abusait sans la moindre pitié ou regret.

Cela faisait longtemps que l’homme n’avait plus ressenti le moindre regret, ou encore la pitié. L’homme vivait dans une ville beaucoup trop impitoyable pour pouvoir se le permettre, et c’était le borgne qui l’avait recueilli qui avait fait en sorte d’effacer tous ses sentiments inutiles. Le regret, la naïveté, la compassion, à quoi servirait-elle ? Bien entendu, le borgne n’avait pas fait de lui un requin, il l’avait juste rendu plus raisonné. On ne le voyait pratiquement jamais s'énerver, seul un air ennuyé subsistait quand quelque chose n'allait pas. Et il lui avait appris à garder ce sourire, un léger sourire pas trop gros pour qu’il n’est pas l’air trop faux. Un sourire qui donnerait suffisamment confiance pour se mettre à l’aise, un sourire qu’il utiliserait pour subtiliser n’importe quelle information ou pour simplement accueillir ses clients alors qu’il suivrait en même temps du regard les hommes qui passeraient par une porte dérobée les menant dans le bordel qui s’y cachait.

L’homme aimait jouer avec les faux-semblants, c’était dans ce domaine où il était le plus à l’aise. Malgré son apparence, il était quelqu’un de discret qui parlait toujours d’une voix claire de façon objective. Tout ce qui servait ses intérêts, puis à ceux de la Triade lui tient à coeur, ainsi il n’hésitait pas à communiquer avec toutes les catégories de la population qui se retrouvaient dans son bar ou dans les couloirs secrets. L’homme avait l’air constamment à l’aise, marchant de façon confiante, ses plans en tête, son sourire toujours présent.

Il était toujours présent et Yi Jie se sentait toujours aussi vide.